Les conteurs à la ronde, by
Charles Dickens
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Title: Les conteurs à la ronde
Author: Charles Dickens
Translator: Amédée Pichot
Release Date: June 7, 2005 [EBook #16022]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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CONTEURS À LA RONDE ***
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Charles Dickens
LES CONTEURS À LA RONDE
Publication en français en 1886 Traducteur Amédée Pichot
Table des matières
I -- L'HISTOIRE DU PARENT PAUVRE. II -- L'HISTOIRE DE
L'ENFANT. III -- L'HISTOIRE DE QUELQU'UN ou LA LÉGENDE
DES DEUX RIVIÈRES. IV -- L'HISTOIRE DE LA VIEILLE MARIE
BONNE D'ENFANT. V -- L'HISTOIRE DE L'HÔTE. VI --
L'HISTOIRE DU GRAND-PÈRE. VII -- L'HISTOIRE DE LA
FEMME DE JOURNÉE. VIII -- L'HISTOIRE DE L'ÉCOLIER
SOURD. IX -- HISTOIRE DE L'INVITÉ. X -- L'HISTOIRE DE LA
MÈRE. XI -- LE RETOUR DE L'ÉMIGRANT ou NOËL APRÈS
QUINZE ANS D'ABSENCE.
I -- L'HISTOIRE DU PARENT PAUVRE.
Il lui répugnait beaucoup d'avoir la préséance sur tant de membres
honorables de la famille, en commençant la première des histoires
qu'ils allaient raconter chacun à leur tour, assis en demi-cercle auprès
du feu de Noël, et, modestement, il suggéra qu'il serait plus convenable
que ce fût d'abord John, «notre estimable hôte,» dont il demandait à
porter la santé. «Quant à lui, dit-il, il était si peu fait à se mettre, en
avant, qu'en vérité...» Mais ici tous s'écrièrent d'une voix unanime qu'il
devait commencer, et ils furent d'accord pour répéter qu'il le pouvait,
qu'il le devait, qu'il le ferait. Il discontinua donc de se frotter les mains,
retira ses jambes de dessous son fauteuil et commença:
Je ne doute point, dit le parent pauvre, que par la confession que je vais
vous faire, je surprendrai les membres réunis de notre famille, et
particulièrement John, notre estimable hôte, à qui nous avons une si
grande obligation pour l'hospitalité magnifique avec laquelle il nous a
traités aujourd'hui. Mais si vous me faites l'honneur d'être surpris de
n'importe ce qui vient d'un membre de la famille aussi insignifiant que
moi, tout ce que je peux vous dire, c'est que je serai d'une scrupuleuse
exactitude dans tout ce que je vous raconterai.
Je ne suis, point ce qu'on me suppose être. Je suis tout autre. Peut-être
avant d'aller plus loin, serait-ce mieux d'indiquer d'abord ce que l'on
suppose que je suis.
On suppose, ou je me trompe fort, -- les membres réunis de notre
famille me relèveront si je commets une erreur, ce qui est bien probable
(ici, le parent pauvre promena autour de lui un regard plein de douceur
pour encourager la contradiction), -- on suppose que je ne suis l'ennemi
de personne que de moi-même et que je n'ai jamais réussi en rien. Si j'ai
fait de mauvaises affaires, c'est, dit-on, parce que j'étais impropre aux
affaires et trop crédule pour pénétrer les desseins intéressés de mon
associé; -- si j'échouai dans mes projets de mariage, c'est parce que,
dans ma confiance ridicule, je regardais comme impossible que
Christiana consentît à me tromper; -- si mon oncle Chill, dont
j'attendais une belle fortune, me donna mon congé, c'est parce qu'il ne
me trouva pas l'intelligence commerciale dont il m'aurait voulu voir
doué. Enfin, je passe pour avoir été toute ma vie continuellement dupe
et désappointé, à quoi on ajoute que je suis à présent un vieux garçon
âgé de cinquante-neuf ans et bien près de soixante, qui vit d'un revenu
limité sous la forme de pension payée par quartier, -- chose à laquelle je
vois que notre estimable hôte John ne veut pas que je fasse davantage
allusion. Voilà pour le passé. Voici ce qu'on suppose encore de mes
habitudes et de mon genre de vie actuel:
J'occupe un logement garni à Clapham-Road, -- petite chambre très
propre, sur le derrière, dans une maison respectable, -- où on ne s'attend
pas à me trouver pendant la journée, à moins que je ne sois indisposé,
car je sors tous les matins à neuf heures, sous prétexte d'aller à mes
affaires. Je prends mon déjeuner, une tasse de café au lait avec un petit
pain et du beurre, -- à l'antique café situé près du pont de Westminster;
je vais ensuite dans la Cité, -- je ne sais trop pourquoi; -- je m'assois au
café de Garraway, puis sur les bancs de la Bourse; et de là, poursuivant
ma promenade, j'entre dans
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